En quarante ans de fréquentation de ce destrier moderne, j’ai accumulé qqs certitudes concernant les “voitures automobiles”, comme on les appelait jadis, de l’achat à la casse… Ce qui suit concerne l’utilisateur peu fortuné, ou en tout cas qui préfère dépenser son argent à bon escient. 😅
Quarante ans, ça fait 10 véhicules, le temps de faire des conneries et de les corriger, d’apprendre des choses qui sont devenues obsolètes (le réglage d’un allumeur, le nettoyage d’un carburateur… 🙄), bref : ce qui suit n’est pas le fruit de l’imagination d’un jeune freluquet qui se dit “Tiens, je vais faire un tuto !” 🤣
N.B. : les conseils moteur ci-dessous s’appliquent aux moteurs essence et hybrides, je n’ai jamais eu de diesel, ça fait un bruit de tracteur et ça pue. 🤮
Achat
Toujours acheter d’occasion ! Et de préférence à 3 ou 4 ans d’âge : après 3 ans, la valeur Argus du véhicule a généralement chuté de 50% (variable évidemment selon le type du véhicule et le marché — depuis qqs années, tout le monde se précipite sur l’occasion, donc les prix s’en ressentent).
Qui plus est, s’il y avait des problèmes de conception ou des défauts cachés, les plus gros sont déjà apparus et ont été corrigés. L’idée fort répandue qu’on a moins de problèmes avec un véhicule neuf est largement erronée !
Dans l’état actuel de la loi, le 1er contrôle technique doit être fait entre 3 ans et demi et 4 ans, c’est donc d’autant plus intéressant d’attendre cet âge car, là encore, s’il y a des problèmes graves, ils seront normalement repérés lors du contrôle technique.
Pour ma part, j’ai opté depuis longtemps pour l’achat en concession, qui offre une garantie allant de 6 mois à 2 ans : on a ainsi “le meilleur des deux mondes”, comme on dit. Ça ne garantit pas de ne pas avoir de problème, mais on a un interlocuteur sur lequel on peut faire pression : à l’époque où j’avais acheté ma Chrysler Neon, le vendeur m’avait dit qu’il changerait la courroie de distribution et j’ai eu la chance en discutant avec un des mécanos de constater que ça n’avait pas été fait ; une lettre recommandée, et hop ! 😉
Entretien (avec un vampire…)
Si l’argent n’est pas un problème pour vous, achetez neuf et faites toutes les visites d’entretien chez le concessionnaire (… le vampire 🤣), ça vous coûtera une fortune mais vous aurez toujours un véhicule nickel. 😉 C’est ce que faisait mon père, mais comme il déclarait son véhicule dans ses frais généraux, ça avait son intérêt.
En ce qui me concerne, j’ai eu tôt fait de m’arracher les cheveux quand j’ai vu les factures des garagistes (qui font souvent des opérations superflues juste pour gonfler la facture 🤬) et j’ai petit à petit appris à faire l’entretien de base moi-même, puis de plus grosses réparations. Même si les économies sont de l’ordre de la dizaine d’euros pour les petites opérations, on atteint facilement des centaines d’euros, voire des milliers, sur la vie du véhicule et surtout en évitant qu’on vous change des trucs inutilement (les grands classiques : bougies, filtre à air…)
Désormais, grâce à tous les tutos qu’on trouve sur Internet, c’est vraiment de la paresse de ne pas s’y mettre. 😜
La question de l’entretien est un équilibre à trouver entre le coût de cet entretien et le coût d’une réparation éventuelle : par exemple, payer 200 ou 300€ de révision par an, pour se protéger d’une panne éventuelle qui coûterait 500€ si on ne fait rien, n’a pas de sens…
Autre exemple : ma mère n’a toujours pas changé la courroie de distribution de sa Twingo depuis l’an 2000, soit minimum 300€ théoriquement tous les quatre ans, donc plus de 1800€ économisés mais avec le risque de bousiller le moteur si elle claque… C’est un cas extrême, que je ne conseille bien sûr pas. Ceci dit, je n’ai jamais entendu aucun exemple d’un véhicule dont la courroie aurait claqué — je ne dis pas que c’est une légende urbaine, m’enfin… 😅
Autre exemple encore : sur feu ma Chrysler Neon, la pompe à eau à claqué avant la courroie, pas loin des 200000 km, 1000€ parce que le véhicule était bloqué chez un concessionnaire Renault à plusieurs centaines de km de chez moi, je n’avais pas trop le choix. 🥴 J’ai aussi choisi de faire les frais car sur toute sa durée de vie, l’entretien fait par moi-même ne m’avait quasiment rien coûté. J’ai pu encore rouler 3 ans avant de devoir la mettre à la casse (après que les canalisations de freins ont explosé… 😭)
Pour tout ce qui est entretien courant, je conseille évidemment de le faire, mais les préconisations des constructeurs sont laaaargement excessives : il ne se passera rien si vous faites la vidange tous les 30000 km plutôt que 20000 ou tous les 4 ans plutôt que 2… Comme je fais très peu de km, je me base sur les préconisations kilométriques multipliées par 1,5 ou 2 sans tenir compte des années. À chacun de voir — aussi selon les conditions d’utilisation.
Certes, si vous n’avez aucun outil, il faudra investir un peu au début, mais on trouve des crics roulants ou des boites de clefs à douilles très bon marché et l’investissement sera vite rentabilisé : mon conseil est d’ailleurs d’acheter une boite de clefs à douilles pas trop chère et si besoin (pas impossible qu’une douille casse, ça m’est arrivé… 🥴) on rachète une douille Facom ou équivalent — on trouve généralement les mêmes dimensions sur tous les véhicules (8, 10, 12, 13, 17, 19).
Ci-dessous les principaux travaux d’entretien facilement faisables (je passe sur le remplacement d’ampoules ou le remplissage de liquide lave-glace… 😉).
Mets de l’huile !
Parmi les travaux de base, la vidange d’huile est le plus simple et le plus important — selon le véhicule, il faut parfois soulever légèrement l’avant pour passer le bac de vidange. Pas de difficulté majeure. S’il y a un joint en cuivre au bouchon de vidange, changez le sinon ça fuira probablement.
Ah j’oubliais ! Changement du filtre à huile à chaque vidange ! Surtout si on dépasse les préconisations, ça compense. On vend des clefs à ruban pour démonter le filtre à huile : éviter les merdouilles en plastique ! En plus, selon le véhicule, ça ne passe pas toujours : avec la Chrysler, j’étais obligé de planter un gros tournevis dans le filtre pour pouvoir le dévisser ! 😎 Investissez dans un truc adapté, certains véhicules nécessitent une clef spéciale.
Pour l’huile, respectez les préconisations de fluidité du constructeur ! Si elles vont de 0W20 à 20W50, privilégiez la 0w20, tant pis si c’est plus cher : une huile plus fluide lubrifie mieux le moteur surtout à froid (donc moins d’usure), et c’est d’autant plus justifié sur une hybride où le moteur met plus longtemps à chauffer.
Light my fire !
Pour ce qui est des bougies, l’expérience m’a montré que leur remplacement systématique au kilométrage préconisé est vraiment excessif : un nettoyage et éventuellement léger réglage de l’écart des électrodes suffit généralement pour aller jusqu’au bout de la vie de la voiture si les bougies sont toujours en parfait état. Beaucoup de moteurs modernes sont désormais conçus pour ne pas avoir à les changer (bougies à l’iridium) — elles sont d’ailleurs parfois totalement inaccessibles !
Il me semble plus judicieux de contrôler l’état et l’écartement de ses vieilles bougies, bien nettoyer le filetage et mettre de la graisse de cuivre dessus — j’ai senti la différence au démarrage, à bas régime et lors des reprises, y compris sur des véhicules traditionnels.
J’utilise une clef dynamométrique pour serrer les bougies : on peut faire sans mais comme ça on est sûr de serrer assez (pas de fuites) et pas trop (risque de casse du filetage !)
Si vous tenez absolument à les changer, dans ce cas la question se pose s’il faut acheter une clef spéciale pour ce véhicule : est-ce que ça vaut le coup si on ne les change qu’une fois dans la vie de la voiture et que cette clef risque de ne plus être adaptée à votre véhicule suivant ? — ça reviendra quand même moins cher que chez un garagiste, mais bon…
C’est comment qu’on freine ?
• Les véhicules modernes étant désormais tous équipés de freins à disques (au moins à l’avant), le changement des plaquettes est relativement aisé. Parfois un peu délicat de démonter l’étrier si ça n’a pas été fait depuis dix ans ou plus : dégrippant et chauffage des boulons en viendront normalement à bout, plutôt que de taper dessus. 😜
C’est aussi l’occasion de vérifier que les pistons qui poussent les plaquettes ne sont pas grippés, ce qu’un “pro” ne fera peut-être pas… Si c’est le cas, un petit coup de dégrippant sous le caoutchouc de protection du piston, et hop ! (enfin, je ne rentre pas dans les détails mais là, avec l’aide d’un repousse-piston, actionner le piston et le repousser permet de faire pénétrer le dégrippant — ce sera d’ailleurs utile pour insérer les nouvelles plaquettes — pour ma part, j’utilise généralement un serre-joint à la con 😅 sauf pour l’arrière où le repousse-piston est inévitable).
Sur la Twingo, les pistons avant étaient presque complètement bloqués (découvert lors du CT !) Après 24 ans, il était plus que temps. 🥴
Pour les plus expérimentés : acheter de la graisse spéciale frein et en mettre copieusement sous le caoutchouc des pistons ! Ça a un triple intérêt : 1) on use moins les freins, 2) la voiture est plus nerveuse, vu que rien ne la freine, 3) on consomme moins.
• Pour ce qui est des freins à tambours, c’est un peu plus complexe mais pas insurmontable : ici il faudra surveiller les “cylindres de roue” (les petits pistons qui poussent les garnitures) pour d’éventuelles fuites et les changer en cas de défaillance repérée au contrôle technique. À noter que pour les freins arrières, ces garnitures ne s’usent pratiquement pas puisque l’essentiel du freinage est assuré par les freins avants !
• Vidange et purge du circuit de freinage : pas très compliqué non plus, à faire idéalement tous les ans ou tous les deux ans — sur mes premiers véhicules, je ne l’ai jamais fait, ça freine quand même mais il faut pousser un peu plus fort sur la pédale. 😉
De l’air !
On lit souvent que le filtre à air joue sur la consommation : personnellement, je n’ai jamais vu la moindre différence et je le change très rarement. Un léger brossage au pinceau si nécessaire et un coup d’aspirateur, pour le principe, ça suffit. Maintenant, pour ce que ça coûte, on peut bien le changer une fois dans la vie du véhicule, allez ! 😄
De l’eau !
Le cas du liquide de refroidissement est particulier : sur la Chrysler, je l’ai changé bien avant les préconisations (pour une fois 😇), en nettoyant l’intérieur du radiateur au jet d’eau, ce qui a eu pour effet de chasser toute la bouillabaisse accumulée dans le fond ; peu de temps après, j’ai eu une fuite due à la corrosion… 🤬 J’en ai déduit que les dépôts avaient pour mérite de boucher la potentielle fuite — mais probablement juste de la retarder. C’est la seule fois où j’ai dû changer un radiateur alors que sur toutes les bagnoles précédentes, je n’avais jamais changé le liquide de refroidissement. 🤔
Toujours est-il qu’il vaut mieux surveiller son état (la couleur en particulier, si elle est marron c’est sans doute le moment d’agir). C’est quand même ce qui permet de refroidir le moteur, ce qui n’est pas négligeable. 😉 Et puis les préconisations sont assez cool, genre tous les 120000 km, ça va… 😁
Big brother and the holding company
Le plus important, finalement est de surveiller tous les éléments du véhicule : le faire au moins avant le contrôle technique évite la contre-visite.
La difficulté est que lorsqu’on n’y connaît rien on ne sait pas ce qu’il faut regarder… Seule l’expérience aide.
Pour le contrôle technique, les principaux points sont l’état des pneus et les freins. Tout le reste, comme l’éclairage ou les essuie-glaces, ne constitue pas en soi un danger mais vous vaudra une contre-visite. J’ai eu la mauvaise surprise, lors du premier CT de mon véhicule actuel, de découvrir que les phares étaient réglés n’importe comment : il paraît que c’est souvent le cas, surtout pour les constructeurs étranger. Comme je l’avais acheté à 100 km de chez moi, j’ai fait faire le réglage chez le garagiste du coin : 40 € pour 4 coups de tournevis ! 🤬 On va dire que c’est une piqûre de rappel pour ne plus y retourner… 🥴
Démontage
Les voitures actuelles ont souvent une garde au sol réduite, c’est un problème pour le bricoleur, je ne donnerai pas de conseil si ce n’est d’avoir un bon cric hydraulique et si possible des chandelles, ou à la limite caler le véhicule avec le cric de secours (voire un bon cric récupéré à la casse — j’utilise celui de mon ancienne Chrysler 😉), mais bon, faites gaffe, c’est votre vie qui est en jeu !
Pour tous les boulons, une Clef dynamométrique est bien utile, même très basique, elle peu servir aussi de levier au démontage, en particulier pour les boulons de roues et les étriers de freins : je préconise de tout serrer aux couples spécifiés dans la Revue Technique (ou autre source équivalente adaptée à votre véhicule).
Conclusion
Tout cela reste valable dans les grandes lignes pour un véhicule hybride, mais bien entendu, l’électrique rendra obsolète au moins ce qui concerne le moteur. M’enfin, vu la difficulté de décollage du marché électrique, on a encore le temps… 😉
P.S. : l’image d’illustration est bien entendu issue du film Le Corniaud. 😄